Lumières N°10 - Saveurs d'enfance

Mai 2022

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Et si l’on changeait de lunettes et de point de vue ! Si l’on cherchait la naïveté, la fraîcheur, la légèreté de l’enfance ! Si l’on retrouvait un monde où tout paraît possible, où l’avenir est une friche offerte à qui veut la saisir… Illusion ? fantasme ? Alors que le présent nous peine et le futur nous apeure, n’est-il pas vain de regarder en arrière, surtout s’il s’agit, non d’apprendre du passé, mais d’oublier nos propres douleurs ? Alors que certaines enfances sont déchirantes, sans mesure avec l’enchantement que se plaît à imaginer la maturité, n’est-il pas idiot de magnifier l’aube de la vie ? Puisque le temps, inexorable, ronge notre existence, pourquoi remonter sans succès le cours qui nous charrie ? Personne - poète, artiste, adulte - n’est assez fou pour vouloir retomber en enfance. Mais il faut l’être un brin pour plonger dans la jouvence, l’instant d’un livre, d’un spectacle, d’un échange avec les petits, d’une création. Par hasard, quand une sensation ancienne ressurgit avec son sillage de souvenirs et de moments révolus. Par goût, quand l’affût des plaisirs perdus prend l’allure d’une habitude. Par désir et par besoin, car toute fulgurance, toute évasion nous rend plus amples et plus résonnants. Alors, faisons comme si…